Au stade initial, la maladie est appelée syphilis primaire. À ce stade, on observe en général un seul ulcère, qui apparaît entre 10 jours et 100 jours, en moyenne un mois, après l'infection. Au début la lésion apparaît comme un bouton rouge. C'est dans ce site que les bactéries vont d'abord se multiplier. En peu de temps, l'érosion transforme la lésion en un ulcère non douloureux, appelé chancre. Que la personne soit traitée pour la maladie ou non, le chancre guérit et disparaît typiquement en un mois ou deux. La personne est contagieuse pendant la syphilis primaire.
Si la personne n'est pas traitée, les bactéries infiltrent éventuellement la circulation sanguine et envahissent diverses régions de l'organisme. À ce stade, une éruption cutanée peut survenir. Elle se manifeste généralement entre 6 semaines et 3 mois après la formation du chancre et dans certains cas, elle surgit même avant que le chancre initial soit complètement guéri. Il arrive que l'éruption s'aggrave de façon constante au cours des 2 mois qui suivent son apparition initiale. Des plaques rondes, rouges, ou brunes, se forment sur la poitrine, les bras, les jambes et, de manière tout à fait inhabituelle, sur la paume des mains et la plante des pieds. L'éruption garde parfois la forme de plaques rouges qui deviennent pustuleuses ou squameuses, mais elle provoque rarement une démangeaison intense. Il arrive que l'éruption réapparaisse après avoir disparu.
Le malade présente également des symptômes semblables à ceux de la grippe, notamment des maux de tête, de la fatigue, et une légère fièvre. Les bactéries peuvent envahir le cerveau et provoquer une méningite. Certaines personnes présentent des signes d'anémie et de jaunisse. Ce syndrome est appelésyphilis secondaire et peut se manifester de façon intermittente pendant une année ou deux. Tant et aussi longtemps que l'éruption cutanée persiste, une personne atteinte de la syphilis secondaire est contagieuse.
Dans de nombreux cas, l'évolution de la syphilis s'arrête au stade secondaire, même lorsqu'elle n'est pas traitée. La bactérie demeure présente dans l'organisme, mais elle n'entraîne aucun symptôme et n'est pas contagieuse. C'est la syphilis latente. La maladie peut alors demeurer inactive pendant toute la vie, ou reprendre son évolution des années plus tard.
Les personnes qui ne reçoivent pas de traitement au stade primaire de la syphilis ont 1 chance sur 3 d'être atteintes d'une syphilis tertiaire chronique. Les bactéries se dissimulent dans l'organisme et ne sont plus infectieuses, mais elles peuvent réapparaître des dizaines d'années après la dernière éruption de la syphilis secondaire. La maladie menace alors gravement les organes internes, dont le cerveau, le cur, les vaisseaux sanguins et les os. La syphilis peut provoquer la mort si on ne la traite pas.
Au nombre des complications de la syphilis tertiaire, on note les suivantes :
- des lésion cérébrales : selon la région cérébrale touchée, les symptômes se traduisent par des anomalies motrices, notamment des tremblements ou des troubles de l'humeur, comme la mégalomanie, de la faiblesse musculaire, de la douleur, une détérioration de la coordination musculaire et la perte des mouvements dans les extrémités.
- des lésions du cur et des vaisseaux sanguins : la syphilis détériore en particulier les parois de l'aorte, la plus grosse artère du cur. Les lésions peuvent entraîner la formation d'un anévrisme. En général, ce syndrome survient entre 10 ans et 25 ans après l'infection initiale.
- des lésions de la rétine et des nerfs vitaux et des vaisseaux sanguins à l'arrière de l'il. En général, la syphilis attaque les deux yeux. Si ces lésions ne sont pas traitées, les séquelles sont irréversibles et risquent d'entraîner la cécité. Dans ce cas également, les conséquences suivent de nombreuses années après la première infection.
Ces exemples ne représentent que certains des organes les plus susceptibles de subir des lésions. Les symptômes ne doivent toutefois pas devenir aussi importants, car il est possible de guérir la syphilis en quelques jours lors de sa première apparition. Il s'agit cependant d'une maladie insidieuse et, au stade primaire, elle risque de passer inaperçue.